Marionnettiste en fait. Mais bien portraitiste. Ses personnages il les rêve, les imagine, les dessine les yeux fermés. Il épingle les habitudes, raconte la vie, croque le kampung (village) et ses habitants tout en racontant les légendes ancestrales. Voici Agus aux doigts de magicien, sourire aux lèvres, outil à la main, improvisation dans la besace. Des tonnes d’histoires, une passion immuable, le goût du partage. Il conte les histoires et nous raconte la sienne. Petit tour dans l’atelier d’un Gepetto javanais.
Le wayang est le théâtre traditionnel javanais. Il se décline en de multiples arts : le wayang kulit aux marionnettes finement découpées dans de la peau de buffle ; le wayand golek dont les marionnettes en trois dimensions sont sculptées dans du bois et peintes ; le wayang orang interprété par des danseurs ; le wayang topek aux représentations masquées ; le wayang kelitik dont les marionnettes sont inspirées des marionnettes en cuir du wayang kulit mais taillées dans du bois ; le wayang beber dont les personnages et les scènes sont peintes sur un rouleau que l’on déroule au fil de l’histoire.
Le dalang est l’instrument de cet art mystique, un intermédiaire entre le ciel et la terre. Il est aussi le chef d’orchestre du gamelan (orchestre de percussions qui accompagne la performance) et des chants et donne vie aux marionnettes.
Les jours (et les nuits) d’Agus sont donc peuplés de dieux, de nobles, de héros, de femmes merveilleuses, de démons, de singes royaux, d’ogres, de bouffons, de géants, de personnages burlesques…
Bien que la tradition du wayang soit millénaire, sa déclinaison en wayang golek est apparue plus tardivement, sûrement vers les XIV-XVIème siècles (elle est avérée au début du XIXème siècle). Arrivée par le nord, elle n’a pas tardé à se répandre dans toute l’île, s’ancrant particulièrement en pays sundanais. Comme les autres formes de wayang, elle est avant tout un rituel avant d’être un divertissement… et une performance ! Elle accompagne les occasions de la vie, les cérémonies, les célébrations, les mariages, les circoncisions, dans des spectacles qui peuvent durer toute la nuit au son de la voix (ou plutôt des voix) du dalang.
Pour nous il interprète une scénette qui épingle les femmes indonésiennes qui veulent une peau plus blanche et les femmes occidentales qui la souhaitent brune et tannée par le soleil. Personne n’est donc jamais content ? Ironise son personnage de bouffon. A l’occasion de nouveaux visages viennent rejoindre la troupe de marionnettes aux postures, ornements et couleurs très codifiés. A côté de la gracieuse Shinta, Bob Marley s’est ainsi invité dans le galerie.
Ici il n’est pas besoin de fée bleue pour que la magie opère et que le bois prenne vie. Juste d’Agus, de son plaisir, et de son talent immense.
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sublime, la photo d'Agus nous en dit beaucoup sur ce monde de l'imaginaire ou du réel.
Hello,
Je divague encore sur votre site... Les marionnettes indonésiennes sont superbes. Cela me fait penser à notre rencontre avec Haro Galli (Utama) céramiste / peintre argentin que nous avons rencontré à Tilcara (nord-ouest du pays). La culture populaire, y'a rien de mieux !
Biz et tenez moi au courant,
Cyrielle
Bonjour,
Je suis tombée par hasard sur votre site...
Ayant moi aussi rencontré Agus, j'ai beaucoup aimé vos photos et la manière dont vous avez parlé de son art ! Alors "Terima kasih" !!!
Super article! merci pour cette découverte
Cet article m'intéresse bcp. De très belles photos me motivent à découvrir cette région. merci bien pour le partage et bonne continuation !!!