A toutes ces femmes chaleureuses qui nous ont souri, cajolés, bichonnés et nourris. Qui ont veillé presque maternellement sur nous et notre panse (et notre foie). Douces, accueillantes, pilier du foyer et pourtant si souvent en retrait, silencieuses, un peu cachées comme dans tous ces villages où elles ne partageaient pas le repas mais apparaissaient toujours au moment propice pour remplir les plats, servir le thé, débarrasser la table, veillant dans l’ombre au bien-être de leurs hommes (mari et fils, seules les katu pratiquent la polyandrie) et de leurs invités.
…ouvrières de l’ombre me semble-t-il parfois, elles m’apparaissent fortes et solides, portant leur foyer de l’aube au coucher et effectuant mille et uns travaux quotidiens. Maîtresses de famille (de fait mais non de titre), garantes des distributions de tendresse et de nourriture, les revoilà pilonnant le riz, accroupies dans les rizières, défrichant les zones brûlées, travaillant aux côtés des hommes dans les usines, distillant le lao lao, pêchant dans la rivière, lavant le linge, levant le coude, tissant sous la maison, cousant devant la porte, marchandant dans leur échoppe, bébés dans les bras, sur le dos, sur le ventre, portant l’eau ou le bois dans des paniers plus lourds qu’elles. Ont-elles la reconnaissance qu’elles méritent, elles qui n’ont pas la moitié des droits des hommes ?
…elles sont belles aussi et coquettes, souvent totalement couvertes pour ne pas foncer avec le soleil, gants de laine et col roulé par 40°c quand l’homme est torse nu (la couleur de sa peau ne doit pas être un problème !). Leurs cheveux, objets d’un soin tout particulier, le plus souvent portés très longs sont superbes,longuement lavés et brossés, scènes de rivières ou de villages. Le jour ils sont parés de barrettes pailletées, de chouchous, de pinces.
Quant elles ne portent pas une tenue traditionnelle de leur ethnie, brodée ou tissée, sombre ou colorée, sertie de bijoux ou de pompons, ou des vêtements plus « modernes » surtout en ville, les laotiennes portent majoritairement le sin (jupe portefeuille traditionnelle) qui se change facilement en sarong pour se baigner et se laver dans les villages. En soie, en coton, artisanal ou industriel, il est partout et dessine des silhouettes tout en longueur.
Et je n’oublie pas leurs ongles fabuleux ! La manucure prend ici une autre dimension : ongles longs et vernis mais point d’aplats unis trop fades, ici le vernissage des ongles est un art. Ceux-ci sont pailletés, bicolores, tricolores, quadrillés, support de dessins complexes (une jeune fille avait une rose sur chaque ongle) et de créations en tout genre. Une idée à ramener ?
Les femmes sont des magiciennes enfin, un peu ensorceleuses quand elles sourient ou distribuent la boisson enivrante, fascinantes quand elles répètent les gestes si anciens et si complexes du tissage, sorcières quand elles manipulent les ingrédients qu’elles ont préparés pour concocter une mixture savoureuse. Dépositaires de recettes, de secrets, de traditions, de savoirs…
Voici l’image que j’emporte de ces femmes, elles méritaient bien quelques lignes juste pour elles. Mais qu’on ne me taxe pas de féministe, en remerciant ces femmes je n’enlève rien aux hommes, je mets juste en lumière celles qui sont un peu trop souvent dans l’ombre peut être.
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"sentir, aimer, souffrir, se dévouer, sera toujours le texte de la vie des femmes"(Honoré de Balzac).
et vous avez bien raison d leur dédier cet hommage, la force de chaque femme devrait aussi se trouver dans le coeur de chaque homme...
merci, Eve,
merci, Fred,