Parmi les nombreux moyens de transport qui s’offrent aux voyageurs le train est l’un des plus divertissants. On sait d’avance qu’il arrivera des imprévus. Certes ceux qui connaissent ma longue histoire d’amour contrarié avec le chemin de fer peuvent penser que c’est justement parce que je suis dans le train que la poisse viendra immanquablement s’inviter dans la partie. J’ai en effet toujours eu un effet désastreux sur les horaires et les locomotives. Qu’ils sachent que je me suis renseignée et que tous les autres voyageurs ayant pris le train que nous avons rencontrés nous ont tenu un discours émaillé de «douze heures de retard au départ», «on a mis trente heures au lieu de seize» et «le train a déraillé» sans que j’y sois pour quelque chose.
L’air est moins étouffant qu’en ville. Les passagers myanmars ont des pulls à col roulé, des vestes épaisses, des doudounes. Ils appellent froid ce qu’en habitant de la zone tempérée on nommerait frais. Quelques degrés suffisent à faire la différence et à marquer les saisons.
A chaque arrêt en gare des cohortes de vendeurs passent sous les fenêtres, leurs paniers sur la tête, ou engagent la discussion avec les passagers. Échanges de friandises, de boissons ou de cigarettes. Sur un terrain de chinlon, des enfants s’entraînent. Ils sont à l’âge où la balle de rotin se passe plus souvent avec la tête qu’avec le pied, où le hasard vient encore souvent remplacer l’adresse.
Le voyage est indéniablement interactif. Les tiges des fourrés fouettent les wagons, emplissant les compartiments d’un vol de graminées. La train fait ici office d’abeille. Ou de tondeuse. Parfois une fleur arrachée vient se poser sur nos genoux ou un des insectes qui ne cessent d’effectuer des va-et-vient entre le wagon et l’extérieur. Les courbes du paysages sont épousées par les sièges qui s’inclinent ou tressautent. Au passage à proximité d’un plan d’eau où des enfants se baignent c’est une pluie de gouttelettes que l’on nous envoie et que nous recevons sur le visage. Les rayons du soleil chauffent la peau. De temps à autres les sons des villages et des klaxons nous parviennent. Tout cela nous donne l’illusion de faire bien plus que simplement traverser des paysages…
Vers seize heures trente la lumière est devenue vieille dame, lumière du soir. Des odeurs de fumée flottent dans l’air. Est-ce de la fumée ou le brouillard qui absorbe lentement la végétation, laissant les faîtes des arbres jouer les vigies, et qui danse chaque fois qu’il ou elle rencontre un rayon de soleil déclinant ? Un petit garçon grimpe à l’envers sur le dos d’un buffle pour s’amuser. Un paysan amarre des sacs à son motoculteur, carriole tractée par un moteur à ciel ouvert. Des femmes à chapeaux pointus assises sur leurs talons bavardent.
Quand un bosquet ou un relief vient soustraire au train la lumière du soleil, la fraîcheur se fait sentir. Puis c’est la nuit qui tombe. Et voilà les lumières de Hsipaw.
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Faut-il regretter le TGV ?
En tout cas vous nous donnez des envies de vacances, avec autant de folklore, et peut-être... un peu plus de confort ?
Bisous, Françoise
merci pour cette belle traversée en chemin de fer. Eve, cela a du te rappeler le petit train corse .
2013 bisous
il fait peur ce train quand même, avec le vertige que j'ai sur un esabeau ou pire sur une chaise, j'ose même pas imaginer et je me demande si j'aurais pu profiter d'admirer le filet d'argent 100 mètres plus bas!!!