Un train, un cyclo-pousse, un bus, une moto et des heures d’insomnies plus tard : Batu Karas.
Le village a remplacé la ville, la mer les canaux, le sable le bitume. Ici ce n’est pas la population qui est dense mais la végétation. Elle colonise l’espace, le remplit. Pêle-mêle verdoyant de palmes et de feuilles, çà et là troué par des rizières d’un vert plus vif dont les contours, tracés au cordeau, tranchent sur l’alambiqué des formes imaginées par la nature. Méandres contre angles droits. Sous les palmes les maisons, sous les noix de coco la plage au sable chocolat. Nous avons plongé dans Java et dans l’océan indien.

Une petite poignée de surfeurs guettent la vague mais l’océan refuse de gonfler. L’écume fait cependant la joie de bus de locaux venus mettre du sel dans leur week-end. La petite plage s’est remplie de rires et de jeux dans le vacarme d’un micro nasillard qui chauffe l’ambiance. Nous avons tenté de trouver plus de calme un peu plus loin, au green canyon, mais c’était pour mieux retrouver la même frénésie. Nous ne sommes pas les seuls à avoir fui la ville et voilà que nous retrouvons les embouteillages, flotteurs contre flotteurs ; la ballade devient une démonstration de la dextérité des capitaines zélés et blasés qui régentent tout ce petit monde sur l’eau. 15 minutes pied à terre dans une gorge dégoulinante de végétation et ruisselante d’humidité. Le lieu est saisissant mais nous n’avons guère le temps d’en profiter. Dépasser le temps réglementaire c’est ajouter des zéros à la note. Après tout ce serait rater la course suivante. Stoïques les varans tapis dans les racines regardent placidement les bateaux passer à la queue leu leu.

Nous changeons de moteur : flotteurs contre deux-roues, idéales pour savourer les petites routes, opérer des arrêts au hasard, profiter des paysages et susciter des rencontres. Pluie de klaxons, de mousson et de sourires.
Nous prenons la pose.
C’est nous qui sommes exotiques.

 

Eve & Fred

Voir les commentaires

Partager
Publié par
Eve & Fred