Un bus pour Nong Khiaw, adorable ville sur la Nam Ou, encadrée de collines érodées, paysage de pains de sucre. Une heure de bateau dans ce paysage idyllique pour rejoindre Muang Ngoi Neua, village entouré de montagnes et bardé de cocotiers. Un petit bout de paradis que nous quittons pourtant très vite pour faire les 7 kilomètres dans la forêt et les champs qui nous séparent encore du village de Ban Na. Ca y est, les sacs sont posés et le coucher de soleil sur les rizières, pour l‘heure peuplées de buffles, fait rougir le ciel et se perdre loin notre regard. Nous sommes à OB Guesthouse, nous sommes chez Bounyam et Kem, nous sommes à la maison.
Kem et Bounyam c’est un franc sourire, une attention bienveillante, une façon de vous traiter comme si vous faisiez partie de la famille. Et nous nous laissons instantanément séduire, nous laissons envelopper par la tendresse de Mama Kem, partageons avec plaisir la vie de cette famille et de ce village.
Ban Na ce sont des instants où le temps s’arrête, où l’on est en paix, où l’on profite des autres et de la vie avec la conscience et la certitude qu’on a de la chance d’être là.
C’est une matinée avec un vieil homme, devant sa maison, à partager laolao, sticky rice et cigarettes, tout en le regardant fabriquer, avec des mains pourtant mutilées mais ô combien adroites, une corbeille en bambous, en dévorant de nos yeux émerveillés ces gestes précis. Nous somme comme des enfants fascinés par une histoire, silencieux, recueillis, béats. Et c’est ça aussi un peu Ban Na, un retour à l’enfance. Avec cette insouciance du temps et cette faculté de se réjouir de choses simples, d’être cajolés aussi. Comme ces moments où Mama Kem décide de me coiffer, sort sa brosse et me tresse les cheveux. Ban Na c’est aussi les parties de pêche dans la rivière à l’issue desquelles, sous un abri de paille, nous dégustons les poissons frits en découvrant le sandwich version laotienne. Une grande feuille d’une plante parfumée sert d’emballage, on la remplit de noodles, de sauce à la cacahuète, de feuilles de menthe et de poissons frits.
Ban Na ce sont ces enfants qui nous entourent, nous montrent leur livre, nous prennent la main pour essayer de nous emmener nager avec eux; ce sont ces femmes qui tissent des jupes fabuleuses et cette couturière si experte qui m’en fabrique une en 2 temps 3 mouvements; ce sont ces hommes qui travaillent de 1000 et 1 manière le bambou; ce sont des visages que l’on reconnait et qui invitent à prendre un petit laolao pour la route; ce sont ces parties de pétang endiablées lors desquelles nous essayons de porter haut les couleurs du Vaucluse; ce sont tous ces gens qui prennent plaisir à nous apprendre quelques mots avec patience et qui rient quant nous nous adressons à eux dans leur langue.
Ban Na c’est aussi la jam session avec ces autres touristes guitaristes et Bounyam et ses amis quand tout le monde participe à la musique et au chant. Et ces repas pris tous ensembles, en famille, à manger dans les memes plats avec les mains.
Bounyam !
Et Ban Na c’est aussi ce trek de 3 jours avec Tong et Jake & Melissa, à la rencontre des villages. Montée abrupte et longue jusqu’à ce village Hmong haut perché, de 20 âmes au plus et autant de cochons. Les enfants culs nus et grands sourires font de la luge sur un bidon dans la poussière du chemin en pente. Plusieurs portent un collier de vieilles pièces de monnaie, des piastres d’autrefois authentiques ou imitées. Le lit est une estrade que l’on se partage à 6 dans le fumet du feu qui brulera jusque tard et très tôt pour cuire les rats chassés la veille. Passage d’une rivière propice à la baignade, l’eau de la rivière vient laver l’eau du corps qui se met à couler des que la marche commence sous l’effet de la chaleur torride.
Traversée d’une forêt de bambous, pentes dangereuses, montées épuisantes et voici le village Kamu qui regroupe une trentaine de familles. Ici les tisseuses sont mobiles, leur ouvrage est accroché à un poteau. L’autre côté leur fait une ceinture.
Marche dans la jungle et dans la rivière, pieds nus sur la terre ou les cailloux car les tongues sont cassées. Un peu inquiète au début des bêtes que peuvent croiser mes pieds je copie bien vite l’aisance de Fred. Plaisir de la peau sur la terre chaude. Une baignade dans la Nam Ou pour nous remettre de toute cette suée nous rafraichit délicieusement avent le bateau du retour, paisible traversée dans ce paysage de carte postale. Un peu de courage… Ban Na est encore à quelques kilomètres à pieds.
Et ces cuites au laolao ! Car c’est tout un rituel lors des très arrosées parties de pêche, entre autre. Le verre est fabriqué dans un cul de bambou et le grand maitre du laolao prend un premier verre avant de le faire tourner à l’assemblée. Pas le choix, on ne peut y couper et il faut boire cul sec. Bien penser à trinquer car il faut des témoins, si personne ne vous a vu boire, vous êtes bon pour un second tour. Cela ne s’arrête pas à la fin de la bouteille, la maison d’à côté en fabrique et en vend, mais lorsqu’une majorité de convives a tournée de l’œil. Allez savoir pourquoi je tiens mieux que Fred qui a passé au moins deux soirées à tanguer, accroché à sa couchette.
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Coucou tous les 2, c'est vraiment génial de pouvoir vous suivre d'autant plus que c'est très bien écrit félicitations pour ces récits et ce beau voyage !!
moi, ça ne m'étonne guère ta résistance au laolao...ma
is vos récits et photos m'enchantent à chaque fois.
que dire de plus ! c'est un enchantement de vous lire, de voir les photos, de tanguer au rythme du laolao...une seule inquiétude, c'est l'état de votre foie !!!!!!!!
It's a relief to find soenome who can explain things so well
Bonjour,
C'est avec délice que je lis les articles de votre site. Je m'inspire de vos itinéraires car je suis dans l'organisation de notre voyage en Asie. D'abord un GRAND MERCI pour toutes les infos. Puis, je voulais savoir s'il fallait contacter Bounyam et Kem avant d'arriver au village ou si l'on pouvait simplement s'y présenter ?
Encore merci
Bonjour Samira,
Je ne penses pas qu’il soit nécessaire de les contacter, au pire il y a une autre guest house dans le village. Notre passage date un peu mais on ne pouvait même pas atteindre le village en moto donc ça limitait quand même pas mal le passage…
Ok merci pour l'info.
Bonne continuation a vous !
Voilà 10 ans que je m'étais rendue à Ban Na auprès de Mama Kem, de son fils Tong et des gens du village. Et c'est avec émotion que je découvre votre voyage auprès de cette famille et de ce coin magnifique du Laos. Que de souvenirs dont entre autre une partie de votre trek que j'ai encore bien en tête.
Merci pour ce partage qui me permet de voir que tout est toujours aussi beau et de savoir que la famille de Mama Kem va bien.